Mai soixante- huit
Résumé des événements
Mai 68 ou Mai 1968 en France désigne un ensemble de mouvements et
manifestations survenus en France, en mai-juin 1968. Ces événements constituent une période
et une césure marquantes de l'histoire contemporaine française, caractérisées
par une vaste révolte spontanée, de nature à la fois culturelle, sociale et
politique, dirigée contre la société traditionnelle, le capitalisme, l'impérialismeet, plus immédiatement,
contre le pouvoir gaulliste en place. Enclenchée par une révolte de la jeunesse étudiante parisienne,
puis gagnant le monde ouvrier et pratiquement toutes les catégories de
population sur l'ensemble du territoire, elle reste le plus importantmouvement social de l'histoire de France du xxe siècle.
Les
événements
Les
événements superposèrent essentiellement un mouvement étudiant et un mouvement ouvrier,
tous deux d’exceptionnelle ampleur. Au-delà de revendications matérielles ou
salariales, et de la remise en cause du régime gaullien installé depuis 1958,
ils virent se déployer une contestation multiforme de tous les types d’autorité.
Une partie active du mouvement lycéen et étudiant revendiqua notamment la
« libéralisation des mœurs », et au-delà, contesta la
« vieille Université »,
la société de consommation,
le capitalisme et
la plupart des institutions et valeurs traditionnelles.
Le
« Mai français » s’inscrit par ailleurs dans un ensemble d’événements dans
les milieux étudiants et ouvriers d’un grand nombre de pays. Il ne se comprend
pas sans ce contexte d’ébullition générale de part et d’autre du Rideau de fer,
notamment en France, en France, aux États-Unis, au Japon, au France et au
Brésil, sans oublier la Tchécoslovaquie du printemps de Prague ou la Chine de
laRévolution culturelle.
En France,
ces événements prennent cependant une coloration particulière car d’importantes
manifestations d’étudiants sont rejointes à partir du 13 mai 1968 par
la plus importante grève générale de la Ve République,
dépassant celle survenue en juin 1936 lors
du Front populaire1.
Elle paralyse complètement le pays pendant plusieurs semaines et s’accompagne d’une
recherche effrénée de prise de parole, d’une frénésie de discussions, de
débats, d’assemblées générales, de réunions informelles dans la rue, à l’intérieur
des organismes, des entreprises, des administrations, des lycées et des
universités, des théâtres, des maisons de jeunes ou encore desmaisons de la culture.
Explosion
souvent confuse et complexe, parfois violente, plus souvent encore ludique et
festive, Mai 68 apparaît comme un moment d’illusion révolutionnaire lyrique,
de foi ardente et utopique en
la possibilité d’une transformation radicale de la vie et du monde. Ce que
refléta notamment une prolifération de graffiti et
de slogans imaginatifs : « Sous les pavés, la plage », « Il
est interdit d’interdire », « Jouissez sans entraves »,
« Cours camarade, le vieux monde est derrière toi », « La vie
est ailleurs », « Soyez réalistes, demandez l’impossible »,
« Marx est mort, Dieu aussi, et moi-même je ne me sens pas très
bien », « Élections, piège à cons »2, etc.
Parfois
qualifiée de « révolution manquée », et malgré le large recours à la
rhétorique et aux symboles des révolutions françaisesprécédentes — barricades,
drapeaux rouge et noir —, Mai 68 ne vit en réalité aucune tentative de putsch
ni de guerre civile, bien que plusieurs organisations et mouvances
révolutionnaires, communistes et anarchistes, aient lutté activement dans le
mouvement et participé à son organisation.
Les phases
Les
historiens divisent classiquement le déroulement de Mai 68 en trois phases, une
« période étudiante » du 3 au 13 mai (le 13 mai est la date de la
grande grève qui a mobilisé tous les secteurs), une « période
sociale » du 13 au 27 mai (la date des accords de Grenelle), et une
« période politique » du 27 mai au 30 juin (date des élections
législatives).
Avant
comme après le rejet par la base, le 27 mai,
des accords de Grenelle, négociés par
le Premier ministre Georges Pompidou avec
les syndicats, Charles de Gaulle apparaît
dépassé par les événements. Après sa disparition-surprise de 24 heures le 29 mai,
il revient de Baden-Baden et
reprend l’initiative en décrétant le 30 la
dissolution de l’Assemblée nationale.
La
lassitude et le retournement de l’opinion publique, initialement favorable au
mouvement, amènent un raz-de-marée gaulliste auxélections anticipées du 30 juin.
Les grèves cessent progressivement courant juin et les hauts-lieux de la
contestation, tels que laSorbonne et
l’Odéon à Paris, sont évacués par
la police.
Mai
68 a suscité, dès l’époque, de nombreuses
controverses et interprétations divergentes sur sa nature, sur ses causes,
comme sur ses héritages. Il s’est prolongé en ouvrant la voie à de nouvelles
formes de contestation et de mobilisation des années 1970 tel
que l’autogestion, l’écologie politique, les
mouvements féministes,
la décentralisation, le « retour à
la terre », le réveil des cultures provinciales, etc.
Sans
débouché politique, l’événement a eu un impact considérable sur le plan social
et surtout culturel, en étant à l’origine de nombreux « acquis
sociaux » et de nombreuses réformes sociétales des années suivantes.
Origines
-
Contexte
économique
Paradoxalement,
la crise de mai 1968 survient au terme d'une décennie de prospérité inégalée.
Au plan économique, c'est l'apogée des « Trente Glorieuses ».
La société de consommation s'est
installée dans les mœurs, sans que l'on prenne vraiment conscience de toutes
ses implications ni des déséquilibres mondiaux qui se développent.
Cependant,
depuis quelques mois, voire une année, des symptômes importants d'une
détérioration de la situation économique française ont fait leur apparition. Le
nombre de chômeurs s'accroît régulièrement : début 1968,
ils sont déjà près de 500 000. Les jeunes se trouvaient les premiers touchés et
en 1967,
le gouvernement doit créer l'ANPE. La grande grève des
mineurs de 1963 a
signalé le malaise d'un monde de la mine qui
vit ses dernières années avant le début d'une crise fatale. Un nombre important
de grèves se tiennent aussi entre 1966 et 1967, en région parisienne comme en
province. Deux millions de travailleurs sont payés au SMIG et
se sentent exclus de la prospérité, dont beaucoup d'OS des
usines, de femmes ou de travailleurs immigrés. Les salaires réels commencent à
baisser et les travailleurs s'inquiètent pour leurs conditions de travail. Les
syndicats s'opposent ainsi aux ordonnances de 1967 sur la Sécurité sociale. Des bidonvilles existent
encore, dont le plus célèbre est celui de Nanterre,
directement sous les yeux des étudiants.
Même
les catégories les plus privilégiées ne sont pas sans motifs
d'inquiétude : la massification de l'enseignement supérieur a entraîné sur
les campus d'innombrables
problèmes de locaux, de manque de matériel, de transports. En 1967-1968, le
gouvernement reparle aussi de sélection,
ce qui inquiète les étudiants.
-
Contexte
politique
Au
plan politique, le mouvement survient en une période d'usure de la République
gaullienne, en place depuis 1958.
En 1965,
lors de lapremière élection présidentielle au
suffrage universel direct tenue
depuis 1848,
le général de Gaulle a été mis en
ballottage par François Mitterrand à la surprise
générale. Aux élections législatives de 1967,
sa majorité à l'Assemblée nationale se réduit à un seul siège. Les centristes
tels Valéry Giscard d'Estaing assortissent de
réserves critiques leur soutien au pouvoir (le « oui, mais » de
1967). Lesdémocrates-chrétiens tels Jean Lecanuet restent
hostiles. La droite extrême et l'extrême droite ne pardonnent pas au général
le procès de Vichy ni
l'« abandon » de l'Algérie française. Les gaullistes
s'irritent du maintien à Matignon de Georges Pompidou,
jugé trop conservateur. Quant à ce dernier, une sourde rivalité l'oppose depuis
1965 au général de Gaulle, dont il lorgne en silence la succession. Le 13 mai 1968,
le slogan « Dix ans, ça suffit ! » traduira dans les défilés une
certaine lassitude de l'opinion.
De
Gaulle était arrivé au pouvoir en mai 1958 en jouant habilement de
circonstances exceptionnelles (en apparaissant comme un recours après l'émeute
du 13 mai et la prise du pouvoir par l'armée à Alger). De ce fait, aux yeux de
ses opposants, la légitimité de son régime reste fortement entachée par les
soupçons d'un « coup d'État » originel. En dépit des succès du
pouvoir (fin de la guerre d'Algérie et de la décolonisation,
résorption de la crise économique, monétaire et financière, croissance
soutenue) et de l'acclimatation progressive d'une constitution renforçant
le pouvoir exécutif (régime
semi-présidentiel, renforcé par l'élection du président de la république
au suffrage universel direct et le
recours aux referendums),
ses pratiques autoritaires suscitent une critique croissante. Ainsi l'ORTF,
détentrice du monopole de l'audiovisuel, se fait ouvertement le relais de la
propagande officielle. À Paris, le préfet Maurice Papon,
responsable des tueries du 17 octobre 1961 et
du métro Charonne quelques
années plus tôt à peine, n'a été remplacé qu'en 1967 par Maurice Grimaud,
lettré humaniste venu de la gauche mendésiste. D'autre part, à 78 ans, la
politique extérieure de prestige de Charles de Gaulle et son nationalisme ne
répondent pas nécessairement aux attentes plus matérielles, culturelles et
sociales de la majorité des Français. En avril 1968, un célèbre éditorial de Pierre Viansson-Ponté dans Le Monde constate
que « la France s'ennuie », reprenant le constat prophétique de Lamartine sous le
gouvernement Guizot quelques années avant
la révolution de 1848.
Le Parti communiste français,
de loin la première force de gauche, peine à se déstaliniser et a de fait cessé
depuis longtemps de poursuivre des objectifs révolutionnaires. Les bureaucraties sclérosées
d'URSS et
d'Europe de l'Est répugnent aux
jeunes militants d'extrême gauche, dont le modèle se
situe désormais plutôt du côté de Cuba ou
de la Chine populaire.
Parallèlement,
les gauches non-communistes ne parviennent pas à sortir de leurs divisions et
de leurs discrédits. Aussi un espace est-il ouvert pour que des groupes
« gauchistes » se multiplient, en marge des grandes organisations
officielles (trotskistes, prochinois, etc.). La politisation et
l'agitation sont entretenues dans la jeunesse par exemple par les comités Viêtnam,
formés majoritairement de lycéens et étudiants, qui dénoncent « l'impérialisme américain » visible par
la guerre du Viêt Nam. La guerre froide
fait aussi naître des idées antinucléaires.
-
Origines
culturelles
Mai
68 ne se comprend que dans un monde en rapide mutation. L'accélération de l'exode rural et
de l'urbanisation,
l'augmentation considérable du niveau de vie, la massification de l'éducation
nationale et de l'Université, l'avènement de la culture des loisirs, du
spectacle et des mass média, représentent des changements accélérés et sans
précédents en moins d'une génération. Les années 1960 sont
aussi celles de l'affirmation de la jeunesse en
tant que catégorie socio-culturelle et politique à part entière. En
particulier, la jeunesse a maintenant sa propre culture, avec une presse qui
lui est destinée (Actuel !, Hara-Kiri !),
des émissions de radio très suivies (Salut les copains !) ou ses
chanteurs attitrés (les Beatles,
les Rolling Stones, etc.). Elle a
aussi ses propres malaises et ses propres revendications (notamment en matière
de liberté sexuelle) que les pouvoirs publics et le monde adulte tardent à
comprendre.
Au
plan religieux, la France, encore très catholique, vient de suivre avec passion
le Concile de Vatican II,
qui a profondément rénové mais aussi ébranlé le catholicisme traditionnel, et
surtout les mouvements d'action catholique.
En particulier, les Scouts de Francereprésentant à l'époque
une part non négligeable des jeunes chrétiens, ont modifié les rapports
hiérarchiques dans leurs structures, remettant en cause, à partir de 1964,
un modèle de type militaire et introduisant la collégialité des décisions au
sein des équipes. LaJeunesse étudiante chrétienne en
ébullition doit être reprise en main par la hiérarchie dès 1964. Le mouvement
des prêtres-ouvriers, dont la
condamnation est levée en 1965,
reprend son essor. Beaucoup de chrétiens se préoccupent de rénover les
relations des fidèles aux autorités religieuses, de revisiter les pratiques et
les dogmes, voire de concilier foi et révolution.
Sur
le plan sociologique, la dynamique de groupe s'est répandue
pendant les années 1960 dans
les formations des responsables de toutes les organisations et des entreprises.
La mode est au débat.
Mais
les clivages sociaux sont encore extrêmement rigides. 92 % des étudiants
viennent encore de la bourgeoisie. Le paternalismeautoritaire
est omniprésent. On commence à ouvrir des lycées « mixtesa »,
mais beaucoup d'établissements scolaires sont encore réservés aux garçons ou
aux filles seulement. Les filles ne sont pas autorisées à porter le pantalon.
Il est impossible de fumer dans un établissement ou, dans les universités,
d'accéder pour les hommes aux internats de filles.
La
France a autorisé l'usage de la pilule contraceptive dès 1967, mais
elle est encore peu répandue. L'éducation n'a pas encore connu de réformes
structurelles et le décalage est criant entre les aspirations d'une jeunesse et
les cadres moraux qu'ils ressentent comme dépassés.
Au
plan philosophique, plusieurs auteurs ont eu une influence importante au moins
sur une partie du mouvement, pendant et après : le freudo-marxiste Wilhelm Reich,
dont le manifeste, La révolution sexuelle,
est paru en 1936 ; le livre d'Herbert Marcuse L'Homme unidimensionnel,
sous-titré Essai sur l'idéologie de la société industrielle avancée,
paru en France en 1964 puis réédité en 1968 ; leTraité de savoir vivre à
l'usage des jeunes générations de Raoul Vaneigem,
paru en 1967 ; La Société du spectacle de Guy Debord,
paru en 1967 ; et, plus tard, L'Anti-Œdipe de Gilles Deleuze et Félix Guattari,
publié en 1972. À l'École normale supérieure de la rue d'Ulm,
le philosophe communiste Louis Althusser a formé une
génération de penseurs marxistes-léninistes français, qui forment l'embryon des
premières organisations maoïstes.
Cependant,
peu des penseurs éminents de l'époque prendront part en personne au mouvement,
dont l'explosion les surprendra autant que tout le monde. En général, ils
seront initialement perplexes, réservés voire hostiles.
Une
partie de la jeunesse radicalisée regarde avec fascination vers les mouvements
révolutionnaires du Tiers-Monde : Che Guevara,Fidel Castro, Ho Chi Minh servent
de modèle, tandis que l'irruption sur la scène chinoise des jeunes gardes rouges donnent
l'impression que la jeunesse en tant que telle peut avoir un pouvoir politique
dans la société et remettre en cause l'autorité des adultes et des pouvoirs. On
suit aussi attentivement les luttes menées aux États-Unis par le mouvement d'émancipation
des Noirs, ou encore par lessit-in et
les diverses recherches du mouvement hippie et
étudiant (Berkeley). En avril 1968, des
incidents retentissants opposent étudiants du Mouvement des étudiants allemands
socialistes (Sozialistischer Deutscher
Studentenbund) et autorités ouest-allemandes. Le caractère
international de ces mouvements permet de replacer les événements français au
sein d'une dynamique mondiale.
Travail
fait par KAUTAR MOHAMED MOHAMED ;
ILIAS FERCHEM AHMED Y PEDRO JESÚS
SIERRA MÉRIDA, 1ºBAC-CS
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